Europe, France, GR34, Randonnée

GR34 – La Pointe des espagnols


ETAPE 5


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Itinéraire

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triangleIslandeAprès une nuit plutôt correcte je retrouve le GR. Pendant la préparation de ce périple, je me suis posée la question de faire la pointe des espagnols ou non. Était-ce vraiment intéressant à voir? Et pour le coup il y avait peu d’avis sur internet et plutôt mitigés.

Je me disais que je déciderais une fois sur place, selon mon état physique et mon envie du moment. Ayant la tête dure et malgré mes pieds et douleurs un peu partout, j’ai décidé de continuer mon chemin sur le GR et de découvrir par moi même cette partie moins fréquentée.

Ah oui je parle de douleurs car oui j’ai l’impression d’avoir pris 40 ans. J’ai mal aux hanches, aux épaules et au dos à force de porter mon gros sac, aux genoux, d’ailleurs certains soirs je ne peux plus lever mes genoux à 90° ayant trop mal aux psoas. Vu que je ne pouvais plus poser les talons les premiers jours j’ai du prendre une démarche sur l’avant des pieds et je pense que pas mal de mes douleurs viennent de cette « compensation physique ». Mais j’ai fais la moitié du chemin déjà alors autant continuer!

Les premiers pas du matin sont toujours raides mais un pas après l’autre les douleurs disparaissent, la machine se remet en route et on est reparti pour 6h/7h de marche.

 

triangleIslandeJe quitte la jolie plage de Trez Rouz et remonte la Pointe des Espagnols par la côté ouest, encore très verte et avec une vue imprenable sur l’océan. Contrairement au deux premiers jours sur la presqu’île je ne croise plus personne, juste d’anciennes fortifications et points de guets de la seconde guerre mondiale.

Au détour d’un virage le fort des Capucins apparait en contrebas sur un ilot à l’entrée du goulot de Brest. Il s’agit d’une ancienne caserne militaire, utilisée pendant la seconde guerre mondiale et creusée à même la pierre. C’était un point stratégique car invisible depuis la mer.

Le GR contourne plusieurs zones militaires toujours en activité. On ressent bien cette activité d’ailleurs avec des hélicoptères qui surveillent la côté et même un drone militaire au loin qui me tiendra compagnie par moments sur ce tronçon. Pendant un moment on perd la vue côtière au profil des fortifications militaires et autres batteries à l’abandon. Pour les fans d’urbex il y a surement de quoi faire mais ce n’est pas vraiment mon cas pour être honnête.

Au contraire le chemin me parait tout de suite moins agréable, la vue sur la côte est cachée, et je me sens bien isolée avec pour seule compagnie mes sens aux aguets. C’est fou comment le sentiment de sécurité peut disparaître au profil de l’instinct primitif de survie, et pour pas grand chose. Depuis quasiment le début de mon périple je passe mes journées à marcher seule et croise rarement de gens, sans en être inquiétée, mais le contexte apparemment ça compte beaucoup.

Enlèves un espace dégagé au soleil avec vue sur l’océan au profil d’un chemin étroit un peu coupé de la lumière par un mur à gauche, de la végétation dense à droite et parsemé de ruines militaires à l’abandon, souvent taguées et qui sentent la pisse… l’ambiance est tout de suite différente?! Je n’ai d’ailleurs pas pris de photo par là… j’ai tracé! Même si je n’ai rencontré personne, une fois encore, j’avoue avoir été soulagée quand la vue s’est à nouveau dégagée pour laisser apparaître la rade de Brest devant moi.

triangleIslande Petit stop sandwich au bout de la pointe des Espagnols, face à la rade de Brest. Il y a même des gens, je n’en ai pas vu depuis plusieurs heures, incroyable! Un homme, militaire à la retraite, vient m’aborder. Il a repéré mon gros sac et mon look de randonneuse et est intrigué. Il était sur la presqu’île de Crozon au début de sa carrière mais ne connait que les coins où s’entraînent les militaires. Faire toute cette portion du GR34 comme je suis en train de le faire est l’un de ces projets jamais réalisés alors il me pose plein de questions.

Ce n’est d’ailleurs pas la première personne, à venir me poser des questions sur mon périple. Tous ces gens étaient bienveillants, curieux et venaient me dire à quel point c’était courageux de faire ça seule et qu’ils n’en seraient pas capable, homme comme femme. Croyez moi j’étais la première à douter de moi, et mes proches n’étaient pas non plus méga enthousiastes.

Mais une fois qu’on laisse la peur de côté et qu’on se lance tout est possible, la preuve je suis en train de le faire alors que je n’avais jamais fais ça avant!

triangleIslande Je reprends la marche sur la partie est de la pointe des espagnols, direction Roscanvel, un petit village plein de charme. Passé le village le GR suit la route départementale, mais pas sur un sentier parallèle à la route, sur les accotements de la route carrément. Des camion et voitures passent à moins d’1m de moi, même si la vue sur « l’île longue », zone militaire interdite d’accès, est agréable, la proximité avec la circulation l’est beaucoup moins.

Une ligne droite interminable, en plein cagnard, les voitures qui me frôlent, la fatigue, les douleurs, voilà mon calvaire pendant plusieurs kilomètres. C’est dans ce genre de moment que le mental intervient plus que tout alors je prends des photos, je chante, je râle par moments puis je fais des plans sur la comète. J’ai encore pas mal de kilomètres à marcher donc il est temps d’appliquer mon mantra préféré « baby steps ». Ça ne sert à rien de se dire qu’il reste X kms au risque de laisser tomber, je passe en mode automatique. Je ne réfléchis plus, juste un pas après l’autre qui m’amène enfin au bout de cette ligne désespérément droite. Je suis quasiment arrivée à St Fiacre et le GR se sépare enfin de la route, quel bonheur.

triangleIslande Je me retrouve sur une plage. C’est marée basse, l’eau s’est retirée et je vois des gens faire de la pêche à pieds, remplissant leurs seaux de coquillages, coquilles St jacques ou autres crustacés.

triangleIslandeIl ne me reste que quelques kilomètres avant d’atteindre le camping du soir, au Fret. Deux/trois achats dans une mini supérette et me voilà enfin arrivée au bout de l’étape du jour. Il n’y a personne à la réception alors j’appelle le numéro laissé sur la devanture. Une femme me rejoint 10 minutes plus tard et surprise, je reconnais la gérante du camping des Bruyères de Morgat. Elle possède effectivement le camping de Morgat ainsi que celui ci avec son mari. Elle me reconnait également et me propose de m’amener une couverture pour le soir. Même si les températures la nuit ont remonté un peu j’accepte avec plaisir.

Il fait beau, le camping est quasiment désert, j’en profite pour recharger mes batteries à moi au soleil avant de monter ma tente et de déballer toutes mes affaires.

triangleIslandeComme chaque soir je fais l’état des lieux de mes pieds, je coupe ou enlève les pansements qui ne tiennent plus, je désinfecte et laisse sécher la nuit avant de remettre des pansements propres. Mes talons sont bien abîmés et je ne saurais plus compter exactement le nombre d’ampoules mais les douleurs ne sont pas comparables avec le 1er jour, heureusement.

Si j’avais eu plus de temps devant moi j’aurais surement pris une ou deux journées off pour laisser le temps à mes pieds de récupérer mais le retour sur Paris approche alors je ne lâche rien.

 

triangleIslandeOù camper à Le Fret ?

J’ai dormi au camping Gwel Kaër. La nuit m’a coûté 6,80 euros. Ici encore il est possible de commander du pain et des viennoiseries pour le lendemain. Les gérants sont vraiment gentils et de bon conseils. Le camping est sur le chemin du GR et en bordure d’eau, c’est très calme.

 


– Trez Rouz > La pointe des espagnols > Le Fret –

– 24 kms indiqués dans le topoguide –

– 25 kms indiqués par ma montre –

– ~6h30 de marche (hors pauses) –

Je peux enfin dire si oui ou non la pointe des Espagnols vaut le coup d’œil. La réponse est oui… et non. La partie ouest c’est-à-dire entre la plage de Trez Rouz et Roscanvel en passant par le bout de la pointe des espagnols est jolie et offre un beau panorama sur le goulet puis la rade de Brest.

Pour la partie est, entre Roscanvel et St Fiacre, je suis beaucoup plus mitigée. Oui la côte est sympa mais au moment où j’écris (mai 2019) le chemin n’est pas agréable du tout , puisqu’il s’agit de l’accotement d’une départementale, pas d’un chemin parallèle à la route. Quand on se lance dans ce genre de projet on cherche aussi le calme et la nature, autant dire qu’avec les voitures qui te frôlent c’est pas vraiment ça.

A mon avis s’il fallait faire un shortcut dans le périple typiquement la pointe des espagnols est un bon choix.


 

 

 

 

 

 

 

 

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